Année après année, DJI a su développer ses talents et diversifier ses activités bien au-delà des drones amateurs comme le laissait présumer l’originel Phantom. A quoi et à qui DJI doit-elle cette ascension exponentielle ? Il n’y a encore pas si longtemps, les drones n’étaient tout simplement pas assez intuitifs et encore moins prêts pour la grande consommation. Le succès phénoménal du Phantom s’explique car il répondait à une demande en devenir ; c’est pour l’époque un appareil révolutionnaire, simple et suffisamment petit pour rentrer dans un sac à dos. Le Phantom 4 pro, dernier en date de la gamme est un hybride à mi-chemin entre un produit amateur et pro, tout à fait acceptable pour une utilisation commerciale. De ce fait, DJI ouvre une brèche vers un public beaucoup plus large, capable d’utiliser ces drones à des fins lucratives. L’histoire de DJI Fondée en 2006, l’entreprise Dà-Jiang Innovations (DJI) ne tarde pas à monter en grade, à mesure que le marché du drone se déploie. Wang Tao, le créateur est souvent associé à un autre entrepreneur, un dénommé Steve Jobs. En effet, toute la partie marketing DJI est largement inspirée des produits Apple, du design sobre et élégant de leur packaging, aux présentations percutantes de leur nouveaux appareils. Valorisée à plus de 100 milliards de dollars, cette industrie qui ne payait pas de mine il y a de ça 10 ans, est sur le point de devenir un acteur mondial incontournable de l’audiovisuel. Le tour de force de DJI, c’est aussi d’être parvenu à faire oublier son origine chinoise, produits connotés péjorativement chez les occidentaux. A ce jour, les européens n’ont plus les moyens de rivaliser avec DJI qui pour moins d’argent arrive à produire des machines plus abouties que ces concurrents européens. Mais c’est véritablement en 2015 que l’avenir glorieux de DJI se dessine, lorsque son Phantom 3 devient une solution abordable et sérieuse pour les professionnels. Plus le temps passe, plus DJI s’oriente vers une diversification verticale, pour aujourd’hui maîtriser l’ensemble de la chaîne de production de ses drones. Autre point fort de DJI, c’est d’avoir sur évoluer en même temps que les rêves des vidéastes, réalisateurs et opérateurs. Chose faite avec le Phantom 4 pro et l’inspire 2. La qualité de leurs produits ne cesse de s’améliorer et la liste d’applications s’allonge. Dès qu’il y a un marché à prendre, DJI ne tarde pas à exploiter le filon. De toute façon, bien qu’il ne soit pas présent sur tous les fronts, DJI est un fabriquant de pièces détachées incontournable auquel les petits constructeurs seront toujours dépendants. DJI Phantom 1 ; le premier drone de la marque. Certes, nous sommes loin des modèles actuels mais la stabilisation était déjà très bonne. Matrice : un pas vers les applications industrielles DJI est définitivement passé à la vitesse supérieure en venant s’immiscer dans l’univers des professionnels d’ordinaire réservé aux hobbyistes et techniciens. Le Matrice 100 fait alors son apparition, un drone quadcopter modulable qui permet aux développeurs de modifier toute la partie Software et Hardware (SDK) pour répondre à de multiples applications. Le M210 RTK embarque jusqu’à 2 caméras et dispose d’un positionnement précis au centimètre près. Ensuite vient Le M600 pro qui est le drone Octocopter phare de DJI, reconnu dans le domaine du cinéma, car il peut embarquer de nombreuses nacelles et caméras (de la marque DJI mais pas que !). De la nacelle DJI Ronin aux caméras RED/Hasselblad, il s’agit du modèle le plus modulable DJI pour l’audiovisuel.* Le Matrice 100 ne tarde pas a être remplacé. Son successeur le Matrice 200 peut accueillir jusqu’à 2 caméras simultanément et voler sous la pluie pendant 38 minutes. Plus discret sur la scène médiatique mais pas moins impressionnant sur sa fiche technique, le DJI Wind est un monstre capable de soulever des charge utiles de plus de 10kg et totalement étanche. Une gamme de caméras en renouvellement A ses débuts, DJI n’avait vraiment pas les moyens de challenger les constructeurs comme GoPro en matière de caméra embarquée. En fait, GoPro était en avance sur son temps avec ses caméras miniaturisées. Du coup, il n’était pas si étonnant de voir DJI construire ses drones pour des caméras concurrentes. En profitant de la déferlante de cette petite caméra, DJI a pu multiplier ses ventes en proposant une solution les mains libres de toute concurrence. Pourtant, cette cohabitation n’était pas faite pour durer. Jusqu’au fameux jour où DJI a commencé à produire ses propres caméras 4K sur le Phantom 3. Elles n’étaient peut-être pas aussi performantes qu’une GoPro au commencement mais valaient la peine d’avoir lancé une formidable aventure. Désormais bien meilleures, plus compactes et mieux stabilisées. Avec le Mavic Pro, DJI assène le coup fatal responsable de la perte de GoPro, seul concurrent potentiel avec le Karma ; leur premier et dernier drone d’ailleurs. Les modèles s’enchainent à une vitesse phénoménale, X3S sur l’inspire 1 et une volonté apparente de conquérir le marché de l’audiovisuel si ce n’est le cœur des jeunes cinéastes. Puis vient ensuite la X5R, la première caméra RAW 4K de DJI, une petite révolution en 2015. En 2 ans à peine, une des plus grandes success-story de notre siècle est sur le point de s’écrire. D’abord, la présentation de l’inspire 2, une plateforme évolutive professionnelle incontournable. Puis deux caméras X5S et X7 dernièrement. A 3000 euros seulement, la X7 est un concurrent on ne peut plus sérieux pour les grands constructeurs de caméras. DJI maintient fermement sa volonté de conquérir ce marché. Comme si l’audiovisuel ne suffisait pas, DJI quadrille bien son terrain pour répondre à toutes les applications envisageables du drone civils. La Z30, comme son nom l’indique une caméra Zoom fois 30 destinée aux applications de surveillance et de sécurité. Sans oublier la gamme de caméras thermiques XT en partenariat avec un constructeur spécialisé en thermogrphie FLIR. La XT2 présentée en Avirl 2018 est quant à elle équipée d’un double capteur thermique et spectre visible. Sur quels critères choisir sa caméra thermique ? Du phantom 1 à la X7 de l’inspire 2 en seulement 5 ans Récapitulatif et chronologie des modèles Phantom 1 : 2013, le premier drone DJI. Facile d’utilisation, un prix accessible . Une autonomie de 25 minutes et compatible avec les caméras GoPro. Phantom 2 : 2014, 1km de portée, nacelle stabilisée H4-3D. Retour Wifi sur son smartphone même à longue distance. Phantom 3 : 2016, une première caméra 4k, très simple d’utilisation et accessible aux débutants. Equipé d’un GPS et GLONASS. Il revient à son point de départ. Phantom 4 : 2016, premier système de détection et évitement d’obstacle, caméra 4K. Des nouveaux modes de vol : Tapfly, active Track, mode sport. Mavic Pro en 2016, la vidéo professionnelle transportable Le 27 septembre 2016, DJI annonce le Mavic Pro, le drone le plus compact jusqu’à présent qui intègre à la fois une caméra 4K et de multiples capteurs pour éviter les crashs. C’est également le premier drone à design pliable qui vient concurrencer directement GoPro et déclencher sa perte. Inspire 1 : 2014, premier modèle de prise de vue aérienne professionnelle avec une caméra 4K RAW. Inspire 2 : 2016, dans la lignée de l’inspire 1, il est plus performant et dispose de capteurs d’obstacles. Compatible avec les nouvelles caméras X5S et X7 qui bénéficie d’une certaine réputation dans le milieu du cinéma. Matrice 200 : 2017, un drone résistant aux vents et à l’eau avec une forte autonomie taillé pour l’inspection critique et la surveillance. DJI Wind : 2018, le drone le plus solide de DJI, il peut supporter jusqu’à 14 KG de charge utile sous la pluie. Mavic Air : 2018 le petit dernier de DJI, il ne pèse que 430 grammes et filme aussi bien qu’un Mavic pro. Consulter tous les drones DJI L’écosystème DJI Un des points qui a fortement inspiré DJI chez Apple, c’est la création d’un modèle économique et d’un écosystème complet DJI. Chaque produit DJI est ainsi compatible avec une multitude d’accessoires qui permettent de compéter les fonctionnalités initiales. A commencer par les batteries DJI, un marché juteux pour DJI qui oblige les professionnels à débourser une fortune mais avec des avantages dont peu de fabricants disposent. Hormis pour la gamme Matrice 600 pro qui est plus flexible, en achetant un drone DJI vous êtes condamnés à devoir vous fournir au près de DJI pour tous les accessoires. Des batteries d’un nouveau genre Ces batteries coûtent généralement beaucoup plus cher que celles utilisées en modélisme. Pourtant leur prix est justifié par toute l’expérience de DJI et les efforts fournis pour développer des batteries plus sures : pas étonnant que DJI les ait renommé batterie intelligentes. Mais qu’est-ce qui différencie ces batteries des autres ? Outre la présence de 4 leds qui permettent de connaitre le niveau de charge à tout moment, ces batteries sont sur certains modèles capables de se réchauffer automatiquement pour assurer une durée de vie maximale et leur fonctionnement dans des régions froides. De plus, elles sont équipées d’une fonction de décharge automatique pour se stabiliser à une tension idéale ; afin de conserver ses batteries à 40% de charge et augmenter leur durée de vie. Un marché du cinéma boulversé Au-delà de ses modèles de caméras, DJI Enterprise la filiale pro de la marque chinoise s’est montrée très entreprenante dernièrement. Avec une appétence ostentatoire pour le cinéma. Les nacelles DJI ne sont plus limitées à l’espace aérien ; la ronin 2 est plus polyvalente et considérée comme l’un des stabilisateurs électroniques les plus performants. Fort d’une expérience en matière de transmission vidéo, DJI a développé dernièrement deux nouveaux moyens de contrôler avec précision ses nacelles : Master Wheels et Force Pro. Retour vers le grand public A première vue, on ne peut pas parler de drones grand public lorsque l’on parle de DJI. Au contraire, avec des prix généralement élevés même le spark qui vaut aujourd’hui dans les 500 euros n’est pas accessible à toutes les bourses. Trop coûteux pour en faire un cadeau de noël populaire à la différence du constructeur français Parrot. Toutefois, DJI a montré son intérêt pour le grand public avec le tello, un drone accessible qui coûte 100 euros, contrôlable avec son smartphone. En fin de compte, il ne serait pas si surprenant de v Les drones et les dangers qu’impliquent leur utilisation DJI compte dans sa flotte environ un demi-million de drones à travers la planète dont 100 000 uniquement aux Etats-Unis : l’industrie du drone ne cesse de s’étendre chaque année mais à quel prix ? Le monde entier est-il réellement prêt à accueillir de telles technologies dans son quotidien ? Autrement dit, à quels risques serons-nous confrontés demain et comment y remédier ? Comme pour l’industrie automobile, bouleversée par le foisonnement de véhicules autonomes, le débat le plus polémique ne concerne pas la machine en elle-même, mais le fait qu’aucune intervention humaine ne soit nécessaire pour assurer son fonctionnement. De ce fait, comme pour les voitures Tesla dont la fonction autopilote est déjà en service sur ses véhicules, les drones DJI sont d’ores et déjà capable d’effectuer des missions autonomes. Pourtant, l’humain ne semble pas décidé à laisser une intelligence artificielle prendre des décisions à sa place, notamment lorsqu’elles sont sensibles, et ont une influence directe sur la sécurité publique. Sans rappeler que l’utilisation des drones autonomes sont interdits en France, leurs vols doivent dans tous les cas être assistés par un télépilote. La combinaison des capteurs du drone et du pilotage manuel assisté se montre beaucoup plus sûr pour l’instant qu’une solution complètement autonome. Un changement de mentalité et d’intérêt pour ce domaine L’intérêt et l’engouement généré par les drones évolue, passant ainsi de la prise de vue de paysages à une exploitation professionnelle en zone urbaine pour des applications commerciales telles que l’inspection de site industriels, la modélisation de bâtiments ou même des relevés topographiques. Peur de l’inconnu Année après année, DJI ne cesse d’apporter des solutions et moyens de surpasser notre champ de vision. La tracktenna permet d’obtenir un retour vidéo HD jusqu’à 10km avec très peu de latence ! De telle sorte qu’opérer à portée de vue n’est plus vraiment une restriction technique, en considérant l’amélioration des moyens de transmission vidéo ; en effet, voyons-y là plutôt une méfiance à l’égard de technologies encore trop fraiches pour être acceptée dans notre quotidien. Une réponse à la méfiance des autorités Une barrière psychologique reste à franchir pour que le drone devienne une solution utile à tous les niveaux. Il est indispensable de faire évoluer les consciences sur l’utilisation de ces appareils longtemps perçus comme des jouets aux yeux des particuliers. En réalité, seules deux solutions sont envisageables pour franchir le pas et DJI est bien décidé à adopter la plus coercitive en présentant l’Aeroscope. Une solution de détection de ses appareils et de la position de ses pilotes. Il aurait en effet été possible de s’orienter vers une solution plus didactique, en sensibilisant ses utilisateurs aux risques qu’impliquent le télé-pilotage d’un drone. Malgré la présence d’avertissements sur son application DJI GO, les pilotes amateurs ne semblent pas réaliser la mesure de leurs actes. Les ULM et autres engins habités n’ont jamais été aussi menacé par ces appareils volants qui foisonnent dans les villes à des altitudes parfois dangereuses. Il est désormais plus qu’indispensable de sanctionner ces comportements et d’appliquer à la lettre les sanctions préconisées par la loi. Quoi qu’il en soit, les drones apportent une solution unique et se montrent utiles dans des situations extrêmes. Ils effectuent des tâches complexes qu’aucun autre appareil ou humain ne serait capable d’accomplir. Un avenir compromis pour DJI En 2013, DJI lance le Phantom et s’attire les foudres des médias. Un atterrissage remarqué sur la pelouse de la maison blanche remet en question l’utilisation des drones. DJI a beau être le constructeur numéro 1 dans le monde, cela s’est fait dans un contexte législatif vague qui évolue et rend l’utilisation de ces drones controversée. En France, la loi est très stricte à ce sujet et sur le point de rendre les conditions encore plus rudes pour les télépilotes amateurs. En effet, tous les pilotes devront disposer d’une formation théorique pour les drones de plus de 800 grammes. En savoir plus sur la nouvelle réglementation de 2018 Face à la recrudescence des drones en agglomération et aux dangers qui en découlent, DJI prépare dors et déjà son avenir. D’une part avec des appareils non-volants orientés vers la prise de vue. D’autre part, chose plus étonnante, avec des systèmes de détection pour traquer les pilotes volants dans l’illégalité. Avec l‘Aeroscope, DJI premier constructeur mondial, se montre conciliant avec les gouvernements, en proposant un moyen de détecter les drones en infraction. Nous imaginons à quel point cette décision a du être problématique pour DJI ; car cela implique une perte de légitimité au près des consommateurs, qui craintifs, pourrait se rabattre sur des modèles concurrents non détectés par l’Aeroscope. Cependant, il parait judicieux pour DJI de proposer cette solution, qui de toute manière aurait fini par voir le jour. Encore un moyen d’asseoir un peu plus sa supériorité dans ce domaine. L’Aeroscope qu’est-ce que c’est ? La technologie qu’utilise l’Aeroscope n’a rien de révolutionnaire puisqu’elle ne fait qu’intercepter les communications effectuées entre un drone et sa radiocommande. Le but étant d’obtenir les informations du drone en situation irrégulière. Parmi toutes ces données interceptées, nous retrouvons la distance de vol, le numéro de série, la vitesse, etc. Cela ne permet en aucun cas à l’Aeroscope de vous donner accès aux informations personnelles du pilote, ni à sa galerie photos. Le potentiel grandissant des drones dans la recherche scientifique mérite d’être encadrée correctement et pousse DJI à se montrer coopératif avec les gouvernements. L’Aeroscope est l’une des seules solutions opérationnelles, étant donné la dominance de ses modèles sur le marché du drone. Rumeurs d’espionnage Les américains soupçonnent depuis quelques mois maintenant DJI d’exploiter et transmettre des informations sensibles capturées par ses drones au gouvernement chinois. C’est dans un article de Novembre 2017 que le New York Times expose ces soupçons. Ce sont des allégations très graves que les autorités seraient en mesure d’affirmer grâce à des rapports open source. Bien que DJI possède 70% des parts de marché du drone, la plainte concernerait surtout les drones professionnels utilisés dans l’agriculture, le bâtiment et l’industrie énergétique et qui ouvraient une porte au gouvernement chinois pour s’inspirer des modèles américains. L’avenir de DJI DJI annonce vouloir lever 500 millions d’euros pour financer la suite de ses projets. Une telle somme devrait leur permettre d’investir le marché du cinéma durablement et asseoir un peu plus sa domination sur le marché du drone professionnel.